Maquettes de scénographie pour Les Chaises de Ionesco

Publié le par ecriture.theatre.fenelon.

Une proposition rédigée par Clémence RIVALIER - mai 2011 -

 

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CONCEPTION ET REALISATION D’UNE MAQUETTE DE SCENOGRAPHIE

 

 

A la suite de la lecture de la pièce ma conception de l’espace pour ma mise en scène était déjà bien fixée. En effet j’imaginais un espace entièrement noir et donc très sombre. Les lumières m’apparaissaient comme des sortes de petites lueurs amenant chaleur et mélancolie à ce vide apocalyptique. Pour représenter l’eau que Ionesco indique dans ses didascalies j’ai tout de suite imaginé un miroir.

 

Après une analyse des didascalies, certaines contraintes sont venues à moi. En effet Ionesco impose la présence de portes, d’une ouverture en fond de scène pour l’orateur, de fenêtre, de chaises et autres accessoires.

Une recherche sur les mise en scène de cette pièce m’as permis de réaliser que celle-ci étaient très diversifier et que les parti pris des metteurs en scène étaient très diffèrent. J’ai petit à petit réussi à me créer une image concrète de la mise en scène que je désirer créer.

 

Tout d’abord j’ai gardé l’idée d’un espace très sombre et intime. J’ai imaginé ma scénographie s’installer dans une salle comme celle de la maison de la culture, la salle Boris-Vian. Une disposition frontal des spectateurs est nécessaire pour que l’effet crée par ma mise en scène puisse fonctionner.

 

Je voulais respecter le désir de Ionesco d’avoir des murs circulaires. Pour cela j’ai adapté mon idée à cette contrainte. En effet j’ai pensé à une sorte de cône au centre de la scène. Il permet de délimiter un espace plus précis et donc permettre de représenter le lieu de vie des vieux, mais aussi une sorte d’antichambre de la mort, un lieu de transition entre la vie et la mort des deux vieux.

Ce cône, ouvert sur les spectateurs, m’a permis d’insérer les 7 portes demandées par Ionesco, ainsi que l’ouverture dans le fond. Pour le sol, j’ai pu concrétiser l’idée vague d’un miroir que j’avais eu à ma première lecture. J’ai choisi de recouvrir le sol, à l’intérieur du cône, d’un miroir. Celui-ci permet de représenter l’eau autour de l’île où vivent les deux vieux. Après avoir installé de miroir dans ma maquette j’ai remarqué des jeux de reflets et j’ai donc imaginé mettre un deuxième miroir au dessus du décor, qui serait accroché sur les perches, et légèrement incliné vers les spectateurs, de sorte à ceux que ceux-ci se reflètent dans les miroirs, a travers les comédiens et le cône.

 

La symbolique des ces deux miroirs est donc très forte, en effet ils permettent de représenter les deux vieux entre leur vie (au sol), et leur mort (au plafond). Les spectateurs sont donc eux aussi inclus dans la pièce, ils se voient dans le décor lui-même. Ils font partie intégrante du décor, et donc de l’action.

Le public peut alors se reconnaître en les deux vieux à travers le sujet de la pièce, le vieillissement, la solitude de l’homme, la réflexion sur l’existence. Le théâtre de l’absurde a pour caractéristique de recréer le théâtre dans le théâtre, c’est donc pour cette raison que j’ai trouvé juste d’inclure dans ma mise en scène ces deux miroirs.

Pour le cône, j’ai donc décidé qu’il serait noir, pour qu’il ne se démarque pas trop. Les portes sur les cotés permettent l’arrivée des chaises mais elles sont aussi symbole d’échappatoire pour les deux vieux, coincés dans cette antichambre de la mort.

 

Au début de la pièce, deux chaises sont disposées au centre de la scène. Puis au fil de l’action les chaises rentreront sur les cotés et viendront créer une sorte de tas, de montagne, au centre de la scène. Les comédiens grimperont sur celles-ci et arriveront au sommet à la fin de la pièce. Les chaises seront de styles et de couleurs totalement différentes et diversifier. Mon idée a été de représenter l’espoir, ainsi que les souvenirs la mélancolie des vieux par ces chaises. Effectivement elles sont les seules à apporter de la couleur à la mise en scène. Elles sont là pour symboliser les souvenirs des deux vieux, les époques et les différents modes qu’ils ont vécus. Les chaises, lors de ma lecture, me sont apparues comme des éléments imaginaires et merveilleux.

Pour continuer dans mon idée de représenter la mélancolie et les souvenirs j’ai choisi d’accrocher sur les murs des photos, de tailles réelles (non agrandit), qui serait celles du couple qu’ils auraient accumulé durant leur vie. Pendant la pièce les deux vieux ne font que ressasser leurs souvenirs. Ce thème des photos est également repris par l’effet des deux miroirs. Ils créent effectivement une sorte de boîte de noir d’appareil photo, où restent enfermé les souvenirs.

 

Pour la lumière, une lampe à gaz est accrochée au centre du cône est descend à la hauteur des deux comédiens. Elle produira une lumière très faible au début de la pièce, puis de plus en plus forte au fil de l’action. La lumière produite par une lampe à gaz n’étant pas assez forte, elle sera complété par un projecteur qui éclairera d’une lumière forte, en haut du cône, les deux comédiens. L’image de la forte lumière blanche entre la vie et la mort trouve bien sa place dans cette antichambre.

 

Pour conclure mon parti pris de mise en scène a été de représenter le lieu de transition entre la vie et la mort des deux vieux. Un lieu intime, de confidence entre les comédiens et les spectateurs. Le thème du souvenir et de la nostalgie ont été mes deux fils conducteurs. Cette antichambre de la mort, ce lieu de remise en question, froid et morbide se voit alors égayer par des touches de chaleurs en mémoire d’une vie passé.

 

Publié dans Scénographie

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